miércoles, 10 de septiembre de 2008

La circulation verbale. Séduction.

I.2. Séduction

Que l’attitude de l’art soit la séduction, tient à une série de raisons.
1- Parce que si on veut être écouté, on doit séduire. On doit séduire l’oreille de l’autre pour que l’autre fasse attention.
2- Et parce que la séduction est aussi un des moyens pour arriver à une des propos de l’homme. L’homme doit créer, en tous ses domaines, une stratégie de séduction pour communiquer à l’extérieur ce qu’il veut dire.

La séduction utilise la structure du jeu pour le rendre possible.
La séduction a aussi des règles et des temps, des codes particuliers.

La séduction est une belle manière de mentir. Tous les séducteurs sont des grands menteurs et de magnifiques créateurs.
La séduction consiste alors a créer une histoire qui se tient, et de la raconter avec du charme.
Peut-être que l’art se sert de cela. Chacun raconte son histoire, son mensonge, sa vérité particulière. Chacun crée une nouvelle structure et la montre aux autres.

La séduction, a aussi du pouvoir. On peut séduire avec beaucoup de choses. On peut séduire avec la beauté, avec l’intelligence, avec l’argent, on peut séduire avec tout ce qui nous manque.
Mais le pouvoir de la séduction est évident. On peut la voir partout. La séduction, cette attitude, est une manière de se mettre en relation avec les autres sans être écrasé.
Si dans la vie règne la loi de la jungle, la séduction est l’une des meilleures armes. C’est la condition de l’individu adulte. Il doit se mettre en condition pour jouer au jeu de la vie.

On parle pas souvent de séduction. Peut être parce que si on en parle, l’évidence tue l’évidence. Peut être que si on parle de cet arme invisible, on la détruira. Je ne sais pas.
Il est possible que ce soit pour cela que je n’ai jamais utilisé la séduction comme une thématique centrale de mes œuvres.
Si j’en parle ici, c’est parce que j’en suis consciente. Je sais qu’elle existe, et qu’elle est partout, et je ne peux pas hésiter à la nommer.
La séduction, est une manière de vivre, une attitude, qu’on doit endosser chaque fois qu’on sort de chez soi et se dirige a l’extérieur.
La séduction c’est le manteau qu’on se met pour sortir dans la rue. Et c’est ça qui nous chasse de temps en temps dans la rue.
Quelquefois, une oeuvre nous attire comme le résultat d’une bonne mise en scène, d’une bonne séduction. Souvent, dans le rythme de vie des grandes métropoles actuelles, la mise en scène est plus importante que le produit qu’il y a derrière.
Autant dire, que si l’on est conscient de l’existence de notre corps (on parlera plus loin du corps hédoniste), on doit être conscient aussi de la vulnérabilité d’un corps séduit par un autre. La séduction est une façon d’alimentation réciproque, une envie de se nourrir des autres. On a besoin de cette séduction pour grandir et avancer.
Si on veut se nourrir des autres, la séduction est notre étiquette, et notre porte d’entrée.
Le vin fait partie de ce monde de règles de séduction.
Le vin fait sortir ce côté du masque social de l’homme. Ce côté séducteur. Ce côté qui habite entre l’amour et la mort. Ce côté qui toujours cache une envie de manger l’autre, de se nourrir de lui.
La séduction alors, ainsi ambiguë comme l’amour, cache son premier instinct assassin.
Comme j’ai déjà dit, la séduction est une arme. Et cette arme peut servir pour créer et pour tuer.
Toute la douceur a une cruauté cachée.
Toute beauté cache une tristesse d’être périmée quelque jour.
La séduction sert, enfin, à dire, à sortir à l’extérieur. Et pour communiquer.

Ariadna Salvador_2006